Chronique de Tabari djurdjurakabylie

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Chronique de Tabari

Religion > Histoire
Tabari 1

Les prophètes et les rois

 

De la Création à David

 

Volume 1

 

Avertissement

 

Abou-Djafar Mo'hammed-ben-Djarîr-ben-Yezîd Tabarî est le premier historien musulman qui ait composé une Chro­nique générale. Elle a été traduite en persan par Abou-Alî Mo'hammed Bel'amî. Hermann Zotenberg a travaillé sur neuf manuscrits de ce texte persan, conservés à Paris, Londres, Canterbury et Gotha. Sa traduction en langue française a été publiée à Paris, pour la première fois, de 1867 à 1874, en quatre volumes. Les éditions Sindbad rééditent l'ensemble de la Chronique, en six volumes : 1. De la Création à David; 2. De Salomon à la chute des Sassanides ; 3. Mohammedrsceau des prophètes 4. Les quatre premiers califes ; 5 et 6. Les Omayyades et L'âge d'or des Abbasides.

Avant-propos
d'Hermann Zotenberg

 

Abou-Djafar Mohammed-ben-Djarîr-ben-Yezîd Tabarî est le premier musulman qui ait composé une chronique générale. Né à Amol, dans la province de Tabaristân, en 224 de l'hégire (838-839 de J.C.), il passa la plus grande partie de sa vie à Bagdad, où il enseigna la théologie et la jurisprudence, et mourut dans cette ville en 310 de l'hégire (921-923 de J.C.). Quelques années avant sa mort, il composa sa volumineuse chronique, qui embrasse l'histoire du monde depuis la création jusqu'à l'an 302 de l'hégire. Cet ouvrage acquit de bonne heure une grande répu­tation dans le monde musulman. Vers 352 de l'hégire (963 de J.C.), le vizir Abou-'Ali-Mohammed-ben-`Abd-Allah Bel`amî traduisit en persan, d'après les ordres de Mançour-ben-Nou'h, prince samanide dans le Khorasan, l'ouvrage de Tabarî, en supprimant les longues citations des autorités Sourate lesquelles Tabarî avait appuyé sa narration, et en choisissant une seule des différentes relations que l'auteur arabe rapporte Sourate un même fait. La version persane, à son tour, se répandit rapidement dans les différentes parties de l'Orient ; elle fut traduite plus tard en turc et même en arabe, et remplaça peu à peu l'ouvrage original, qui, en raison de son étendue, ne fut que rarement reproduit, et dont on ne possède plus aujourd'hui que quelques fragments.

De la Création à David

 

La Chronique de Tabarî, dans laquelle ont puisé les princi­paux historiens orientaux, offre, même dans sa forme abrégée, un grand intérêt pour l'étude de l'histoire de l'Orient. Il est certain que pour quelques périodes, comme, par exemple, pour l'histoire des Omayyades, elle reste la source la plus précieuse de nos connaissances ; et même celles de ses parties qui sont dépourvues de critique et de toute valeur historique, telles que les fables relatives à l'histoire ancienne, ne manquent point d'intérêt, car elles contiennent cette foule de légendes auxquelles tous les auteurs musulmans font des allusions perpétuelles, et que le lecteur européen est souvent bien embarrassé de trouver, pendant que Tabarî nous les donne dans un cadre qui en facilite singulièrement la recherche. Telles sont les considérations qui ont attiré de nouveau l'attention du Comité des traductions orien­tales de Londres Sourate la version persane de l'ouvrage de Tabarî, et qui l'ont engagé à reprendre la publication de la traduction française de ce livre, commencée il y a plus de trente ans par feu M. Dubeux. Qu'il me suffise de signaler aujourd'hui la circonstance que la version persane primitive a subi, à une époque qu'on ne saurait déterminer quant à présent, une nouvelle rédaction qu'offrent la plupart des manuscrits, ainsi que la traduction turque. Je me suis attaché à reproduire, non cette version remaniée par un auteur qui ne semble pas avoir eu sous les yeux l'ouvrage original de Tabarî, mais la version de Bel' ami, conservée dans un manus­crit, très-incorrect à la vérité, mais fort ancien. Les récits fabu­leux relatifs aux personnages de l'histoire biblique de l'Ancien et  du Nouveau Testament, contenus dans ce premier volume, ne se trouvaient pas tous dans l'original arabe ; le traducteur persan et après lui le nouveau rédacteur en ont ajouté plusieurs, en prenant soin cependant de signaler au lecteur les amplifications qu'ils ont fait subir au texte primitif. Toutefois on ne saurait prétendre, comme l'a fait M. Sprengerl, que cette partie de la traduction persane de l'ouvrage de Tabarî soit tirée en entier de l'Histoire des Prophètes, de Ghazzâlî. Outre qu'il est très-difficile d'admettre que l'ouvrage décrit par M. Sprenger ait réellement pour auteur Ghazzâlî, il est plus naturel de voir dansce livre un extrait du Tabarî persan ou un recueil composé des mêmes éléments que ce dernier.

 

1. Journal of the Asiatic Society of Bengal, t. XVII, p. 11, p. 437 et suiv.

 

 La manière dont les auteurs orientaux procèdent dans la rédaction de leurs ouvrages explique facilement la similitude de deux livres consacrés au même sujet. La partie traduite par M. Dubeux s'arrêtait au milieu de l'histoire de la sortie d'Égypte. Il paraît que M. Dubeux, pour des raisons qui nous sont inconnues, n'a pas poussé plus loin son travail. En faisant réimprimer cette traduction, très-conscien­cieusement exécutée, je l'ai revue sur les manuscrits, et n'ai eu que peu de changements à y apporter. La nouvelle publication étant conçue Sourate un autre plan, j'ai retranché toutes les notes, qui augmentaient l'étendue déjà considérable de l'ouvrage. J'ai corrigé, sans croire nécessaire d'en avertir, un grand nombre de fautes de manuscrit A, celui qui, étant le plus ancien, a servi de base à la traduction, à l'aide de deux autres manuscrits (C et G ), qui s'en rapprochent le plus, quant au texte, et, là où ces derniers m'abandonnaient, à l'aide des autres manuscrits. Il va sans dire que, quand il s'agit de la véritable histoire, je ne néglige et ne négligerai pas dans la suite les différentes leçons. Quant aux versets du Coran, cités en si grand nombre dans la première partie de l'ouvrage, ils sont souvent expliqués et paraphrasés en persan. Je n'ai donné ces paraphrases que dans le cas où elles contiennent autre chose que ce qui se trouve dans le texte arabe, pour ne pas reproduire dans la traduction française deux fois le même sens dans les mêmes termes. Les manuscrits que j'ai eus à ma disposition sont au nombre de neuf, dont quatre appartiennent à la Bibliothèque impériale, trois à la Société asiatique de Londres, un autre à la Bibliothèque de Canterbury, et enfin le neuvième à la Bibliothèque ducale de Gotha, qui, Sourate la proposition de son savant bibliothécaire, M. Pertsch, me l'a libéralement prêté. Le plus ancien de ces manuscrits est celui que je désigne par la lettre A et qui porte le n. 63 de l'ancien fonDh persan de la Bibliothèque impériale. C'est un manuscrit de grand format, Sourate papier, de 387 feuillets, incomplet au commencement et à la fin. Il date au plus tard duXIII e siècle, à en juger par l'écriture et le papier. Outre les lacunes du commencement et de la fin, le manuscrit, très-incorrect d'ailleurs, offre au milieu du texte un grand nombre de petites lacunes et quelques-unes plus considérables, provenant toutes du copiste lui-même. Le manuscrit C (Bibl. imp. fonds Saint- Germain, 552), qui contient la même rédaction que le manuscrit A, sauf quelques additions, est un volume de petit format, en papier, comprenant 187 feuillets, d'une écriture fort soignée. Ce manuscrit, très-correct, est daté de l'an 997 de l'hégire. Il s'arrête à l'histoire du passage de la mer Rouge par les Israélites, qui termine la pre­mière section de la version persane de Bel' ami. Le manuscrit de la Bibliothèque de Gotha (ms. G) se compose de deux volumes de grand format, en papier, comprenant 268 et 267 feuillets. Je n'ai qu'à confirmer ce que dit M. Pertsch dans sa description (Die persischen Handschriften der herzoglichen Bibliothek zu Gotha, p. 46 et suiv.) concernant le texte de ce manuscrit, savoir, qu'il se rapproche de celui du manuscrit C; cependant il est beaucoup moins correct. Le manuscrit D (Supplément pers. de la Bibl. imp. n. 22 ), de moyen format, Sourate papier, contenant 190 feuillets, est moderne et a été exécuté en Turquie. Il finit à la mort de Yezdeguerd III. Quoique le texte de manuscrit soit en général rajeuni et corrigé, il s'éloigne cependant de la rédaction primitive plutôt par des suppressions que par des amplifications. Il n'en est pas de même des autres manuscrits, qui contiennent tous (sauf le ms. F) une nouvelle rédaction corrigée et plus développée de l'ancien texte primitif. Mais, dans la partie de l'ouvrage que nous  publions aujourd'hui, ces développements consistent Souratetout en détails oiseux qui Souratechargent les récits. Un manuscrit appartenant à la Société asiatique de Londres, de grand format, Sourate papier, composé de 355 feuillets, d'une écriture moderne (ms. E. ), contient le texte le plus correct de cette rédac­tion. L'autre manuscrit de la Société asiatique (ms. J), également moderne, d'une très-belle exécution, mais incomplet à la fin, composé de 452 feuillets; un manuscrit de la Bibliothèque impériale, fonds Ducaurroy, n. 28 (ms. B ), composé de deux volumes de format moyen, Sourate papier, de 497 feuillets, daté de l'an 512 de l'hégire; enfin le manuscrit de la Bibliothèque de Canterbury (ms. K), de format moyen, de 576 feuillets, offrent un texte à peu près identique à celui du manuscrit E. Quant au troisième manuscrit de la Société asiatique de Londres (ms. F), daté de l'an 989 de l'hégire, il suit ordinairement la nouvelle rédaction; mais il y a des cas où il réunit l'ancien et le nouveau texte, et il offre parfois des leçons qui ne se trouvent dans aucun des autres manuscrits. Il me reste à dire quelques mots de la division de l'ouvrage. Comme les divisions ne s'accordent pas dans les différents manus­crits, et qu'en tout cas les sections que l'on y trouve ont été établies d'une façon peu rationnelle, j'ai cru pouvoir m'en affranchir.

 


 

Introduction du traducteur persan  Abou-Ali Mohammed

Au nom du Dieu Clément et Miséricordieux
Seigneur, fais que je finisse bien

 

Louanges et actions de grâces au Dieu puissant qui agit selon ses désirs, créateur de la terre et du ciel; à cet être qui n'a ni égal, ni associé, ni ministre, ni protecteu,', ni femme, ni posté­rité! Il a toujours été et il sera toujours. Les choses qu'il a créées, le ciel, la terre, le jour, la nuit, et tout ce qui est en eux, mani­festent son existence. Lorsqu'on réfléchit, on comprend que la création est un témoin de son être. Il est évident que ses serviteurs doivent le louer. Il a répandu Sourate eux ses bienfaits. Nous louons ce grand Dieu pour les biens dont il a comblé ceux qui le servent. Que la paix de Dieu soit Sourate le prophète Mohammed, le plus excellent des hommes, l'élite des prophètes, le plus aimable de tous les enfants d'Adam, l'intercesseur des serviteurs de Dieu au jour du jugement; et Sourate ses parents que Dieu a choisi, et dans lesquels il se complaît! Or sache que cette chronique est un ouvrage important, composé en arabe par Abou-Djafar Mohammed, fils de Djarîr, fils de Yezîd, Tabarî. Le roi du Khorasan et de la Transoxiane Abou-Çâlih Mançour, fils de Nouh, le Samanide, ordonna à son ministre Abou-Alî Mohammed-ben-Mohammed, fils de Belamî, de traduire en persan la chronique du fils de Djarîr, le mieux possible, de telle sorte qu'il ne s'y trouvât pas une seule faute. Or voici ce que le traducteur dit à ce sujet : Lorsque j'examinai cet ouvrage, et que j'y trouvai un grand nombre de préceptes, des démonstrations, des versets du Coran, de bons vers et beaucoup de choses utiles, je travaillai de toutes mes forces, et je le traduisis en persan avec l'aide Dieu. Nous rapporterons dans cette histoire la chronologie du monde, tout ce qu'ont dit à ce sujet les astro­nomes et ceux qui ont composé des chroniques parmi les Guèbres, les Chrétiens, les Juifs et les Musulmans. Avec l'aide Dieu, nous ferons connaître leurs paroles.

 

Discours Sourate la durée qu'aura
le monde suivant toutes les différentes opinions

 

Sache que les astronomes, Aristote, Hippocrate et tous les grands maîtres dans la connaissance des étoiles qui nous ont précédés, font connaître la durée du temps qui doit s'écouler depuis l'époque d'Adam jusqu'au jugement dernier. Cette tra­dition ne se trouve pas dans l'ouvrage du fils de Djarîr, et nous l'avons fait entrer dans notre traduction, afin que ceux qui verront ce travail puissent comprendre aisément le calcul dont il s'agit. Or les maîtres dont nous avons parlé rapportent que, lorsque Dieu créa la lune, le soleil et les planètes, chacun de ces astres demeura arrêté à sa place, jusqu'au moment où l'ordre de Dieu arriva. Saturne était à son point culminant, dans le 27e degré du signe de la Balance; Jupiter, dans le 15e degré du Cancer; Mars, dans le 28e degré du Capricorne; le Soleil, dans le 19e degré du Bélier; Vénus, dans le 27e degré des Poissons; Mercure, dans le 15e degré de la Vierge, et la Lune, dans le 3e degré du Taureau. Tous ces astres restèrent fixés dans leurs positions jusqu'au moment où Dieu leur ordonna de se mettre en mouvement. Tel fut le commencement du monde, et depuis cette époque les astres ne se sont plus jamais trouvés disposés respectivement de cette manière.

Autre discours, également
au sujet des étoiles

 

On rapporte que Dieu créa dans le ciel deux êtres exempts de douleur et de mal; ce fut dans les années du Bélier, du Taureau et des Gémeaux. Ces deux êtres vinrent ensuite Sourate la terre, et y demeurèrent pendant trois mille ans sans mal, sans douleur et sans maladie; ce fut dans les années du Cancer, du Lion et de la Vierge. Lorsque les années de la Balance arrivèrent, le mal, les maladies et la douleur se manifestèrent. Ensuite vint Kayou­morth; on dit qu'il est le même qu'Adam. Il exerça la souve­raineté Sourate la terre, Sourate l'eau, Sourate l'herbe et Sourate les végétaux; car il n'existait rien de plus. Pendant les trente premières années de cette époque, le Soleil et Jupiter furent dans les Poissons. Dans le principe, chacun de ces astres était parti de son point culminant, comme nous l'avons dit, et personne ne sait à quelle époque ils rétrograderont et retourneront à leurs places ; et, à l'exception de Dieu, tout le monde l'ignore. Ibn-Moqaffa, dans le grand Schah-Nameh, rapporte que depuis la sortie d'Adam (du paradis) jusqu'à l'époque de notre prophète, il s'est écoulé six mille treize ans ; suivant d'autres, cinq mille neuf cents ans. On rapporte aussi que le premier homme qui exista Sourate la terre fut Adam, qu'on désigne par le nom de Kayoumorth. C'est ce qu'attestent Mohammed-ben-Djehem, le Barmécide, Zadwiyyeh-ben-Schahwiyyeh, le livre de Behram et celui des Sassanides, Mousâ-ben-Isâ, Khosrevi, Hâschem-ben-Qâsem Içfahânî, l'histoire des rois de Perse, et Ardavad Morghân, mobed des mobeDh, qui a fait connaître l'histoire de Yezdeguerd. Le mobed de Schâpour rapporte égale-ment que tel fut l'espace de temps qui s'est écoulé depuis Adam. Nous rapporterons les traditions conservées par les Dehkans ; la digression que nous avons faites Sourate la royauté de Kayoumorth, premier souverain qui ait existé, repose Sourate l'autorité de ces magistrats. Après eux les traditions se perdirent, et les anciens documents n'indiquent point le temps qui s'est écoulé depuis tel prophète jusqu'à tel autre prophète, depuis tel roi jusqu'à tel autre roi ; et tous les historiens qui sont venus ensuite ont conservé cet ancien usage, et ils n'ont pas indiqué le temps qui s'est écoulé depuis Adam jusqu'à Noé, depuis Noé jusqu'à Abraham, depuis Abraham jusqu'à Moïse, depuis Moïse jusqu'à Jésus, et depuis Jésus jusqu'à Mohammed, et cette chronique est destinée à faire connaître à quelle époque a vécu chaque personnage.On dit que la terre existait tandis que les hommes n'existait point encore. On dit aussi que les hommes existaient et qu'il n'y avait point de rois. Pendant les cent soixante et dix ans qui s'écoulèrent après Kayoumorth, il n'y eut aucun roi ; les hommes étaient comme des brebis sans pasteur. Les premiers rois qu'il y eut Sourate la terre furent les Pischdadiens; l'empire leur échappa quatre fois des mains, et personne ne sait combien de temps ils ont régné. Les Guèbres, adorateurs du feu, disent que les premières choses que Dieu créa dans le monde furent un homme et un taureau. Ils appellent cet homme Kàyoumorth. Or Kayoumorth signifie vivant, parlant et mortel. Ils le nommèrent encore Guer-Schâh, parce que, le monde étant désert, il habitait seul la caverne d'une montagne. Le mot guer a le sens de montagne; en le nommant Guer-Schâh, ils l'appelaient donc le Roi de la montagne. Kayoumorth vécut trente ans seul et isolé; ensuite il mourut. La semence qui sortit de ses reins devint poussière dans la caverne ; elle resta en terre pendant quarante ans, et après ces quarante années deux personnes qui n'avaient qu'une seule tête sortirent de la terre, et procréèrent des enfants. Les Guèbres nomment ces deux êtres Meschî et Meschâneh, et les Musulmans Adam et Ève : tous les hommes sont sortis d'eux. On rapporte que Dieu a accordé à ce monde une durée de neuf mille années jusqu'au jour du jugement. On dit aussi qu'Adam demeura trois mille ans dans le paradis avec sa compagne; ensuite ils vinrent Sourate la terre, et trois mille autres années s'écoulèrent sans affliction et sans mal. Ensuite le mal se manifesta et agit Sourate les enfants d'Adam. Les Juifs rapportent, d'après le Pentateuque, que, depuis le temps d'Adam jusqu'à l'hégire de Mohammed, il s'écoula quatre mille ans et trois mois. Les Chrétiens disent, d'après l'Évangile, que, depuis Adam jusqu'au temps oit parut Mohammed, il s'écoula cinq mille neuf cent soixante et douze ans. On rapporte qu"Abd-allah-ben-`Abbâs a dit que, depuis le temps d'Adam jusqu'à Noé, il s'est écoulé deux mille deux cent cinquante ans ; depuis le déluge jusqu'au temps d'Abraham, mille soixante et dix-neuf ans; depuis Abraham jusqu'à Moïse, cinq cent soixante-cinq ans ; depuis Moïse jusqu'à Salomon, fils de David, qui bâtit le temple de Jérusalem, cinq cent trente-six ans; depuis Salomon jusqu'à Alexandre Dhou`l-Qarnaïn, sept cent dix-sept ans; depuis AlexandreDhoul`Qarnaïn jusqu'à Jésus, cinq cent cinquante et un ans. On dit que depuis Jésus jusqu'à notre prophète Mohammed il n'y eut point de prophètes; mais il n'en est point ainsi. On sait que les paroles de Dieu sont plus conformes à la vérité, lorsqu'il dit : «Quand nous leur envoyâmes deux prophètes, ils les accusèrent de mensonge ; nous leur en envoyâmes un troisième, et ces trois prophètes dirent : Certes, nous avons été envoyés vers vous.» (Sourate Yâ Sin  verst 13)  Voici le sens de ce passage : J'ai envoyé après Jésus des prophètes tels que Georges et Jonas, fils de Mata. Nous raconterons leur histoire en son lieu. Le temps qui s'écoula sans qu'il y eût de prophète, jusqu'à la venue de Mohammed, temps auquel on a donné le nom d'interstice, fut de quatre cent trente-quatre ans ; et Dieu a accordé au monde une durée de sept mille ans. On rapporte ce qui suit Sourate la foi de Wahab-ben-Monabbih. Voici ce qu'il dit : J'ai entendu dire à notre prophète que les Devs furent les premières créatures que Dieu a créées. Il leur donna ce monde pendant sept mille ans; il les renvoya ensuite, et donna ce monde aux Péris : ceux-ci le possédèrent pendant deux mille ans. Le plus puissant de ces Péris se nommait Djân ; puis Dieu le chassa, envoya à sa place  Eblîs et le constitua chef des Péris, afin qu'il les empêchât de commettre le mal. Lorsque Eblîs eut supplanté Djân, il conçut de l'orgueil en lui-même, et il dit : Qui est-ce qui est semblable à moi? Si je le veux, je monte au ciel, et, si je le veux, je suis Sur la terre : toutes ces créatures sont sous mes ordres. Dieu connut le secret du cœur d'Eblîs, et il créa Adam, et il donna ce monde à Adam et à ses enfants, et il maudit Eblîs.Ibn-Monabbih rapporte également ce qui suit, au sujet du prophète David. On lui disait : Fais-nous savoir quand aura lieu le jour du jugement. David répondit : Dieu le sait, et, à l'exception de Dieu, tout le monde l'ignore. Les Juifs le pres­sèrent ; il dit : Voici à quelle époque Dieu a fixé la fin du monde et le jour du jugement : Dieu a créé une ville qui a douze mille parasanges ; il y a dans cette ville douze mille palais, et dans chaque palais douze mille appartements tout pleins de grains de moutarde destinés à la nourriture d'un seul oiseau. Cet oiseau en prend tous les jours un grain; et, lorsque tous ce grains seront consommés, le jour du jugement aura lieu. Mais ceci, personne ne le sait, excepté Dieu, et, si quelqu'un pouvait le savoir, ce ne serait que notre prophète. Nous avons rapporté ces paroles avant d'entrer en matière, afin que l'on sût que, excepté Dieu, personne n'a connaissance de l'époque du jugement. Quant à ce que dit Mohammed-ben-Djarîr, nous allons l'exposer.

Discours de Mohammed,
fils de Djarîr, Tabarî, qui est
l'auteur de cet ouvrage

 

Sache que voici ce que rapporte, au commencement de cet ouvrage, Mohammed, fils de Djarîr, fils de Yezîd, Tabarî. Dieu a formé les créatures sans que leur création lui fût nécessaire. Il les a créées pour les éprouver; il leur a ordonné de l'adorer, pour savoir quelles seraient celles d'entre elles qui l'adoreraient, et celles qui ne l'adoreraient point; quelles seraient celles qui exécuteraient ses ordres, et celles qui ne les exécuteraient point. Or sa sagesse exigeait qu'il les créât, afin que leurs actions justifiassent ce qu'il connaissait par sa prescience. Il dit dans le Coran (Sourate. Vanner الذاريات ) : «Je n'ai créé les génies et les hommes que pour qu'ils me servent; je ne leur demande pas d'aliments, et je n'exige pas qu'ils me nourrissent. Certes Dieu est celui qui nourrit les hommes : il est doué d'une force inébranlable.» Voici le sens de ces paroles : J'ai formé ces créatures, hommes et Péris, pour qu'elles m'adorent et obéissent à mes ordres. Je ne leur demande pas la nourriture de chaque jour; c'est moi qui la leur donne. Je ne retire aucun avantage de leurs actions et de leur conduite, et elles reçoivent de moi le prix et la récompense de leurs actions. Si je ne les avais pas créées, il ne m'en revien­drait point de dommage; maintenant que je les ai créées, si elles ne font pas ce que je leur ai prescrit, et si elles n'exécutent pas mes ordres, il ne m'en revient aucun détriment, et, si elles obéissent à mes ordres, je n'en retire aucune utilité.

 Allah Le Très Haut dit: «Si vous êtes ingrats, certes Dieu est riche sans vous; mais il n'aime pas l'ingratitude de la part de ses servi­teurs; et, si vous lui rendez grâces, il se complaira en vous.» (Sourate Par vagues الزمر ) Le sens de ce passage est : Si vous êtes désobéissants, si vous n'exécutez pas mes ordres, et si vous n'êtes pas reconnaissants de mes bienfaits, je n'ai pas besoin de vous, et votre conduite ne m'apporte aucun dommage. Si les serviteurs de Dieu sont ingrats à son égard, s'ils n'exécutent pas ses ordres, et s'ils ne lui rendent pas grâces pour ses bien-faits, il ne lui en revient aucun mal; mais il n'agrée pas cette conduite. Or, si Dieu n'avait pas créé ce monde et les créatures, il n'en souffrirait aucun dommage, et sa gloire n'en éprou­verait aucun détriment. Maintenant qu'il les a créés, il ne retire d'eux aucun avantage, et sa gloire n'en éprouve point d'accroissement. Dieu créa d'abord le monde, et ensuite les créatures. Il a donné à celles-ci des yeux pour qu'elles voient ses merveilles et sa toute-puissance; il leur a donné des oreilles pour qu'elles entendent la science et la sagesse; il leur a donné le cœur pour qu'elles comprennent, et il a placé l'intelligence dans le cœur pour qu'elles distinguent la vérité d'avec le mensonge et discernent ce qui est utile de ce qui est nuisible. Il leur a donné la terre comme un tapis, pour qu'elles y établissent leur demeure. Il a étendu le ciel au-dessus d'elles, et les nuages au-dessous du ciel, afin que la pluie se répande, que les plantes sortent de la terre, que les hommes mangent, qu'ils sachent qu'ils ont un créateur, et qu'ils ne reconnaissent et n'adorent que lui. Dieu a dit dans le Coran : «Il a établi pour vous la terre comme un tapis et le ciel comme un toit, et il a fait descendre du ciel une eau avec laquelle il a produit des fruits qui sont une nourriture pour vous. Ne soyez pas polythéistes, car vous savez qu'il n'y a qu'un seul Dieu.» (Sourate La Vache البقرة) Et dans un autre endroit Dieu dit : « N'avons-nous pas placé la terre comme un lit?» (Sourate L'Annonce النبأ ) Dans un endroit, il appelle cette terre un tapis; dans un autre endroit, il l'appelle un lit, et dans un autre, un berceau. Pendant le jour, cette terre est comme un tapis Mes hommes marchent Sourate elle pour aller où cela leur convient; pendant la nuit, elle est comme un lit et un berceau Sourate lequel ils dorment. Dieu a dit : J'ai créé dans le ciel le soleil et la lune, car il avait créé ce monde dans les ténèbres, et, si le soleil ou la lune n'existaient pas, il n'y aurait point de lumière dans ce monde. Le soleil et la lune avaient tous les deux une lumière égale dans le commencement, lorsque Dieu créa ce monde; et, si cela était resté ainsi, personne n'aurait distingué la nuit d'avec le jour, personne n'aurait su le compte des jours, des mois et des années; les personnes qui s'acquittent des cinq prières légales n'auraient pas connu le temps de la prière. Dieu envoya Gabriel, afin qu'il frottât de son aile la face de la lune, et que la lumière de la lune devînt moindre que la lumière du soleil, que la nuit devînt distincte du jour, et que les années, les mois et tous les calculs du temps devinssent manifestes : or cela est un grand bienfait. Dieu a dit dans le Coran : «Nous avons établi la nuit et le jour comme deux signes de notre puissance; nous avons ensuite effacé le signe de la nuit, et nous avons rendu manifeste le signe du jour, afin que vous tâchiez, par le travail, d'obtenir l'abondance de la part de votre seigneur, et que vous connaissiez le nombre des années et le calcul des temps. Nous avons distingué toute chose.» (Sourate les fourmis  النمل)Le sens de ces paroles est : J'ai créé deux signes pour le jour et pour la nuit; le signe du jour est le soleil, et le signe de la nuit est la lune. J'ai ensuite effacé le signe de la nuit, afin que la nuit devînt distincte du jour, que vous cherchiez pendant le jour les biens de ce monde, et que vous sachiez le nombre des années. J'ai mani­festé toute chose, afin que l'on n'eût point d'argument contre moi. Dieu dit encore dans un autre passage du Coran :(Sourate le voyage nocturne   الإسراء)

 

 «Il est celui qui a établi le soleil pour jeter de la lumière, et la lune pour éclairer.» Il a rendu le soleil brillant; il a fait dans le ciel des stations pour la lune, et il l'a disposée en vingt-huit stations, afin que chaque nuit elle soit dans l'une de ces stations; et, lorsqu'elle les a parcourues toutes, le cours de la lune est terminé. «Il a disposé la lune en sta­tions, afin que vous sachiez le nombre des années et le compte du temps.» (Sourate Jonas  يونس) On lit encore dans le Coran (Sourate l'araignée    العنكبوت) : « Dieu a créé cela avec vérité; il manifeste les signes aux hommes qui compren­nent.» Cela veut dire : J'ai manifesté ces signes à ceux qui savent qu'excepté moi personne n'a pu créer ces choses. J'ai ensuite créé tous ces biens et tous ces signes, et puis j'ai formé les créatures. Dieu a rappelé ces bienfaits aux créatures, et il leur a ordonné de lui rendre grâces. « Et lorsque votre seigneur vous a avertis en disant : Certes, si vous êtes reconnaissants de mes bienfaits, je les augmenterai en votre faveur; mais, si vous êtes ingrats, certes mon châtiment sera terrible.» (Sourate Ibrahim إبراهيم) Le sens de ces paroles est : Si vous me rendez grâces pour mes bienfaits, je les augmenterai en votre faveur; si vous êtes ingrats, mon châti­ment est terrible pour les ingrats. Dieu a augmenté les biens de ce monde en faveur de tout homme qui lui a rendu grâces; et, lorsque cet homme a quitté la terre, Dieu l'a gratifié en outre de la possession de l'autre monde. Or les ingrats sont de deux sortes : les uns sont ceux Sourate lesquels Dieu répand ses bienfaits jusqu'au jour du jugement et qu'il enverra alors au supplice éternel; les autres sont ceux auxquels il retire les biens de ce monde et qu'il enverra également au supplice éternel dans l'autre monde. Je rapporterai dans cet ouvrage la création de l'univers, quelle fut la première chose que Dieu créa dans ce monde, et quelle fut la première créature. Je rapporterai tout ce qui est arrivé depuis Adam jusqu'au temps actuel; je ferai connaître ces événements prophète par prophète, peuple par peuple, roi par roi. Je te ferai également connaître, dans cet ouvrage, l'époque de chaque personnage, ses mœurs et ses actions dans ce monde-ci. Je dirai quels sont ceux des hommes qui ont rendu grâces à Dieu, et ceux qui ont été ingrats à son égard. Je rapporterai un à un les traitements que Dieu a fait éprou­ver à chacun d'eux, de quelle manière il a fait périr les ingrats, et quelle récompense il a donnée à ceux qui lui rendent grâces, afin que tu saches que tout ce que Dieu a fait, il l'a fait avec justice. Il a créé ce monde et les créatures, afin que l'homme qui fait le bien fût distingué de l'homme qui fait le mal. Il donne à chacun sa rétribution, le bien à l'homme de bien, et le mal au méchant, comme il l'a dit dans le Coran : «Afin qu'il rende à ceux qui ont fait le mal suivant qu'ils ont agi, et qu'il accorde à ceux qui ont fait le bien la plus excellente des récompenses.» (Sourate l'étoil    النجم )

 

Autre discours Sourate la Création
et l'état de ce monde

 

Sache d'abord que Dieu a fixé à sept mille ans la durée de ce monde, à dater du jour où il a été achevé, où Dieu a créé le ciel et la terre, et où il a mis en mouvement le soleil, la lune, les étoiles et la sphère céleste, jusqu'à l'époque où il rendra ce monde désert, et où le jour du jugement aura lieu. Ce temps sera de sept mille ans. A la naissance du prophète, il s'était écoulé six mille ans moins quelque chose; mais personne ne peut savoir exactement combien d'années se sont écoulées, et combien il en reste encore; chaque homme a une opinion différente à ce sujet. Les Juifs disent, d'après le Pen­tateuque, que, à l'époque où Mohammed parut, ce monde comptait six mille deux cents et quelques années. Les Sages grecs, comme Aristote et Platon, disent que, depuis le temps où la sphère commença sa révolution jusqu'au temps où ils vivaient, il s'était écoulé cinq mille cinq cents ans; mais personne ne sait exactement combien d'années s'étaient écoulées jusqu'à cette époque, et combien il en reste encore jusqu'à la fin du monde.Dieu a dit : «Ô Mohammed! ils te questionneront au sujet du jour du jugement, quand sera le temps exact auquel il aura lieu. Mais que sais-tu à cet égard? C'est à ton Seigneur qu'il appartient de connaître l'époque de la fin du monde : tu n'es que celui qui avertit les hommes qui la craignent.» (Sourate Tirer النازعات) Le sens de ce passage est : Ô Moham­med! ils te questionneront sur l'époque du jour du jugement; mais que sais-tu de cela? C'est-à-dire tu ne sais rien, et tu n'as aucune connaissance à cet égard; car cette science appar­tient à Dieu. Il connaît la fin du monde; il sait à quelle époque elle sera sur le point d'arriver, et quand aura lieu le jour du jugement. Les Juifs se réunirent, et ils tirèrent du Pentateuque des questions pour les adresser à notre prophète, afin que, par la réponse qu'il donnerait, on vît clairement s'il était un pro­phète de Dieu ou non, et si ses prétentions étaient fondées sur le mensonge ou sur la vérité. L'une de ces questions était l'histoire des gens de la caverne; une autre, l'histoire de l'archange qu'on appelle Rouh; une autre, l'époque du jour du jugement. Ils firent donc partir un envoyé, adressèrent une lettre à Médine, et dirent au prophète de Dieu : Fais-nous connaître la réponse à ces questions. Or ils dirent à celui qu'ils avaient envoyé : Écris tout ce qu'il dira des gens de la caverne, afin que nous voyions s'il dit la vérité ou non; écris également tout ce qu'il dira au sujet de l'archange Rouh. Les envoyés allèrent à Médine. Or tu sauras que les questions qu'ils adres­sèrent à notre prophète étaient au nombre de vingt-huit. Cet événement eut lieu à l'époque où le prophète partit pour la Mecque et où il manifesta l'islamisme. Il dit aux infidèles Qoraïschites : Je suis l'envoyé de Dieu, et le Coran que je récite est la parole de Dieu. On n'ajouta pas foi à ses pa­roles; les polythéistes de la Mecque s'élevèrent contre lui et dirent : C'est de toi-même que tu tires le Coran. Dieu a dit : «Si vous êtes dans le doute au sujet de ce que nous avons envoyé à notre serviteur, apportez un chapitre qui soit semblable à ceux du Coran, et appelez à votre aide vos témoins autres que Dieu, si vous êtes sincères.» (Sourate la vache  البقرة) Ensuite Abou-Djehel et Walîd-ben-Moghaïra allèrent trouver les Juifs de Khaïbar, les Benou-Qoraïdha, ceux de Fadac et de Wadi'l-Qourâ; ils les réunirent et leur dirent : Vous êtes Juifs, vous avez reçu du ciel un livre, et nous n'en avons point reçu. Il faut que vous tiriez du Pentateuque les questions les plus difficiles, afin que nous les adressions à Mohammed. S'il y répond, nous saurons qu'il est un véritable prophète, et nous croirons en lui. Les Juifs examinèrent le Pentateuque tout entier, et en tirèrent les questions les plus difficiles, au nombre de vingt-huit, et ils dirent : Adressez-lui ces questions; si sa réponse est d'accord avec ce qui se trouve dans le Penta­teuque, vous saurez qu'il est un véritable prophète, et il faudra croire en lui :

1.Quels sont les attributs de ce Dieu, dont il prétend être le prophète?

2.Que fait Dieu, et à quoi est-il occupé?

3.En combien de jours Dieu a-t-il créé ce monde, et combien de temps lui accordera-t-il jusqu'à ce qu'il le détruise et l'anéantisse?

4.Quand sera le jour du jugement, et combien de temps reste-t-il encore à ce monde?

5.De quoi Dieu a-t-il créé le soleil, la lune et les étoiles? Où les portera-t-il à la fin des temps? Lorsque ces astres se couchent, où se couchent-ils? Où est leur demeure, et de quelle manière se lèvent-ils?

6.Parmi ces étoiles, combien y en a-t-il de fixes, et combien y a-t-il de planètes? Que font les étoiles fixes? Dans quel ciel chaque étoile décrit-elle sa révolution? Comment se fait leur révolution. et quelle utilité les enfants d'Adam retirent-ils des étoiles?

7.Comment est la montagne de Kâf, où est-elle, et pour-quoi Dieu l'a-t-il créée?

8.Où sont Djâboulqâ et Djaboulsâ? que sont-ils? Les créatures qui habitent ces pays, quelle espèce d'hommes sont-elles? quelle religion suivent-elles? quand paraîtront-elles? quels sont leur forme, leur caractère, leur nourriture, et comment sont-elles?

9.Quels hommes sont Gog et Magog? Où habitent-ils? quelle religion ont-ils? quand paraîtront-ils? quels sont leur forme, leur caractère et leur nourriture? Comment est le rempart que Dhou'l-Qarnaïn a élevé entre eux et les hommes? Dhou'l-Qarnaïn lui-même, quand a-t-il existé? Comment était-il? à quelle époque ses actions eurent-elles lieu?

10.A quelle époque les gens de la caverne ont-ils existé? Quels hommes étaient-ils? combien étaient-ils? dans

quel temps vivaient-ils? quelle religion suivaient-ils?

11.A quelle époque vivaient les gens de la fosse? Quelle religion suivaient-ils? dans quel temps existaient-ils?

12.Qui est Rouh? comment fut-il créé?

13.Combien Dieu a-t-il eu de prophètes sur la terre? et combien y a-t-il eu d'apôtres parmi eux? Par les prières de combien de prophètes Dieu a-t-il ressuscité des morts? Et quels étaient ces prophètes? et ceux qui ont été rappelés à la vie, qui étaient-ils?

14.Quelle est la personne entre les mains de laquelle le fer est devenu mou comme de la pâte et de la cire, et qui le pouvait manier de telle sorte qu'elle en faisait tout ce qu'elle voulait?

15.Quel est l'homme auquel a appartenu une fontaine d'airain liquide et fondu, qui était semblable à une eau cou­rante? Avec cet airain coulant, il bâtit une ville d'airain : cette ville, où est-elle? à qui appartient-elle? et quelles mer-veilles renferme-t-elle?

16.Quel a été, dans ce monde, l'homme qui s'est associé à Dieu, et qui a bâti dans ce monde un paradis sans égal, et semblable au paradis terrestre créé par Dieu? Où est ce paradis, et comment est-il?

17.Quelles furent les dix paroles que Dieu envoya au prophète David? Elles étaient écrites Sourate un anneau, et l'anneau était placé dans un livre, et Dieu dit à David : Celui de tes enfants qui donnera une réponse à ces dix paroles est un apôtre; les Deys, les Péris et tout ce qui est Sourate la terre sera soumis à son obéissance. Or Salomon répondit à toutes ces questions, et obtint la royauté.

18.Où est le tombeau de Salomon, fils de David, et quel est celui d'entre les hommes qui arrive à ce tombeau après Salomon?

19.et 20. Quelle a été la première maison qu'il y a eu Sur la terre, et quel a été le premier homme Sourate la terre qui a adoré les idoles?

21. et 22. Quel fut le premier homme qui fit du vin, qui introduisit dans le monde l'usage d'en boire, de jouer des instruments, et d'attacher des peaux Sourate les tambours de basque, Sourate les tambours et autres choses

semblables?

23.Quel fut le premier homme dont les cheveux et la barbe devinrent blancs?

24.et 25. Quel sera celui qui possédera le monde, depuis l'orient jusqu'à l'occident? Tous les rois deviendront ses esclaves. Lorsqu'il paraîtra, quel sera son nom?

26. A quelle époque ont existé Hârout et Mârout? Quelle faute commirent-ils pour que Dieu leur infligeât une punition? En quel lieu sont-ils, et qu'apprennent d'eux les hommes?

27.A qùi était ce monde avant Adam?

28.De quoi Dieu a-t-il créé Adam, pourquoi l'a-t-il créé, et de quelle manière?

 

Lorsqu'ils eurent tiré du Pentateuque ces questions de la manière que nous venons de rapporter, Abou-Djehel-ben-Heschâm et Walîd-ben-Moghaïra dirent à ces Juifs : Mainte­nant, choisissez parmi vous cinq hommes, les plus instruits et les plus savants que vous aurez; ils viendront avec nous, afin que, lorsque nous serons de retour à la Mecque, que nous adresserons ces questions à Mohammed, et qu'il y répondra, s'il dit quelque chose qui soit en contradiction avec le livre des savants Juifs, ces cinq hommes répondent eux-mêmes. Les Juifs nommèrent donc cinq personnes prises parmi les lecteurs du Pentateuque; c'étaient les hommes les plus savants et les plus versés dans la connaissance de ce livre. On dit que c'étaient Malek-ben-Asch` ath, Ka` ab-ben-Hânî, Asresch-ben-Sa'id, Aflah, et son fils Qouddous. Lorsque ces cinq personnes furent parties pour la Mecque avec Abou-Djehel et Walîd, ces derniers rassemblèrent les habitants de la Mecque et les Qoraïschites, et allèrent auprès de Mohammed et lui adres­sèrent ces questions. Le prophète ne connaissait pas les réponses; cependant il dit aux infidèles Qoraïschites : Je ré-pondrai à vos questions. Il espérait que Gabriel viendrait pour l'instruire. Gabriel ne vint point : dix jours s'écoulèrent, et notre prophète était profondément affligé. Les Juifs, les infidèles Qoraïschites et les habitants de la Mecque dirent : Le Dieu de Mohammed est irrité  contre lui et ne l'instruit pas au sujet de ces questions; c'est de son propre fonDh que Mohammed tire le Coran; il est un insensé, et un homme qui a perdu la voie droite. Les choses restèrent ainsi pendant quinze jours. A la fin du quinzième jour, Gabriel arriva, et il apporta des versets du divin Coran qui contenaient la réponse, telle qu'elle devait être. Gabriel fit que cette répon­se devint convenable dans les discours du prophète. Il lui apporta d'abord ce verset : «Par le jour qui s'élève et par la nuit qui s'étend, nous ne sommes point irritéscontre toi, et nous ne nous sommes point éloignés de toi.» (Sourate l'étoile النجم ) Gabriel lui apporta encore cet autre verset, et dit : «Lis. Par l'étoile lorsqu'elle se couche, votre compagnon n'a point été dans l'erreur et il n'a point été trompé; il ne parle pas d'après ses propres idées, mais d'après ce qui lui a été révélé. Un être fort par sa puissance l'a instruit.» Gabriel dit ensuite : Ô Mohammed! lis cet autre verset : Ne dis pas, en parlant d'une chose, certes, je ferai cela demain, sans ajouter, s'il plaît à Dieu.» (Sourate  la caverne  الكهف) Et il lui donna la solution des vingt-huit questions. Nous rappor­terons, dans cet ouvrage, ces réponses depuis le commencement jusqu'à la fin.

 

Réponse aux questions précédentes

 

Or, quant à ce qu'ils lui demandèrent en disant : Dis-nous quels sont les attributs de Dieu et comment il est, le prophète répondit : On ne peut pas dire comment et de quelle manière il est, car on ne peut pas le comparer à une chose ou à une personne. Ensuite Gabriel lut au prophète ce verset : «Dis : Il est le Dieu unique, le Dieu éternel; il n'a point engendré, il n'a point été engendré : il n'a point un seul égal.» (Sourate religion foncière  الإخلاص ) Et il ajouta : Dis : Il n'était pas possible de décrire les attributs de Dieu, avant que Dieu les eût fait connaître lui-même. Quant à leur seconde question, Que fait Dieu, Gabriel lut au prophète ce verset : «Dis : Ô Dieu! maître de l'empire, tu donnes l'empire à qui tu veux, et tu ôtes l'empire à qui tu veux; tu élèves qui tu veux, et tu abaisses qui bon te semble. Le bien est entre tes mains, car tu es puissant Sourate toutes choses. Tu fais entrer la nuit dans le jour, et tu fais entrer le jour dans la nuit; tu fais sortir le vivant du mort, et tu fais sortir le mort du vivant. Tu nourris qui tu veux sans compter.» (Sourate Al-Imrane آل عمران) Mohammed répondit aux Juifs : Avant que Dieu eût parlé, on ne pouvait pas dire quelles sont ses occupations. A la troisième question qu'ils avaient adressée à Mohammed : En combien de jours Dieu a-t-il créé ce monde? il répondit : Dieu a créé le monde en six jours, comme il l'a dit dans le Coran : « Nous avons créé les cieux et la terre, et ce qui est entre eux, dans l'espace de six jours.» (Sourate le critère الفرقان) Ces six jours, suivant le temps de l'autre inonde, sont six mille ans suivant le temps de celui-ci, comme l'a dit Dieu : « Un jour pour ton Seigneur est comme mille ans de ceux que vous comptez.» (Sourate le pèlerinage الحج ) Or la pre­mière chose que Dieu créa fut le roseau, et tout ce qu'il voulut créer, il dit au roseau de l'écrire. Ensuite, lorsque le roseau se fut mis à écrire, Dieu créa les cieux, les terres, le soleil, la lune et les astres, et alors la sphère céleste commença à tourner. Six mille ans s'écoulèrent à cette époque. Si Dieu l'avait voulu, il aurait créé l'univers en un instant, mais il a employé à le créer un temps considérable, afin que tu saches que l'œuvre du sage doit être faite avec science, intelligence et sagesse. Notre prophète Mohammed a dit : La précipitation vient du diable, et la temporisation vient de Dieu. Quant aux époques de la création, Dieu commença la création le dimanche, et il créa jusqu'à la dernière heure du vendredi. Le samedi il ne créa rien. Les Juifs dirent ensuite : Quel est celui de ces six jours dans lequel Dieu créa ce monde, et que créa-t-il chaque jour? Le prophète dit : Le dimanche et le lundi, il créa la terre et tout ce qu'elle produit d'utile et de nuisible à l'homme. Le mardi, il créa les montagnes et tout ce qui est en elles d'utile et de nuisible. Le mercredi, il créa les arbres et tout ce qui est en eux de bon et de mauvais, d'utile et de nuisible, l'eau, et tout ce qui peut  servir aux hommes. Toutes les œuvres du monde furent terminées en quatre jours, comme il est dit dans le Coran : Gabriel dit au prophète : «Dis : Ne croyez-vous pas en celui qui a créé la terre en deux jours?» (Sourate ils s'articulent فصلت ) jusqu'à ce passage : «Tel fut l'ordre du Tout-Puissant, de celui qui « sait »  (sourate le bétail. الأنعام ).

 

 Le prophète dit : Le jeudi, il créa les cieux avec tout ce qui est en eux. Le vendredi, il créa les astres, la lune, le soleil et les anges, depuis le commencement du jour jusqu'à la troisième heure. Les anges possédèrent ce monde la qua­trième heure ainsi que la cinquième; pendant ces deux heures, Dieu ne créa rien. Entre la sixième heure, qui termine la première moitié de la journée, jusqu'à la dernière heure, il créa Adam. Il ordonna aux anges de l'adorer et de le placer dans le paradis. Lorsque la dernière heure du vendredi fut arrivée, Dieu fit sortir Adam du paradis, à cause du péché qu'il avait commis. Les Juifs dirent ensuite : Nous l'avons trouvé ainsi dans le Pentateuque, et le samedi Dieu se reposa. Le prophète dit : Vous mentez; Dieu n'a pas besoin de se reposer. Le repos est nécessaire à celui qui a été fatigué par quelque chose. La vérité est ce que le Seigneur a dit dans ce verset : «Nous n'avons point éprouvé de fatigue.»    (Sourate qaf ق )

 

Tradition du Prophète
rapportée par `Abd-Allah-Ben-`Abbâs,
au sujet du soleil et de la lune

 

`Icrima rapporte ce qui suit : Je me tenais un jour en pré­sence d"Abd-allah-ben-`Ahbâs. Un homme entra et dit : J'ai entendu dire à Ka'ab al-Akhbâr une chose étonnante. Or ce Ka'ab al-Akhbâr avait été Juif, il était ensuite devenu Musul­man à l'époque du califat d"Omar-ben-al-Khattâb, il avait lu un grand nombre de livres anciens et d'ouvrages d'astrologie, et connaissait parfaitement le Pentateuque. `Abd-allah-ben-`Abbâs dit : Qu'avez-vous entendu dire à Ka'ab al-Akhbâr? racontez-le-nous. Cet homme dit : Au jour du jugement, on amènera le soleil et la lune sous la forme de deux taureaux noirs, et on les tiendra élevés au-dessus de la tête des créatures, afin que toutes les créatures puissent les voir; on les conduira ensuite en enfer, afin qu'ils retournent au feu, car Dieu les a créés du feu. `Abd-allah-ben-`Abbâs se mit en colère, et dit : Ka'ab al-Akhbâr a dit un mensonge, un très-grand mensonge au sujet d'un serviteur obéissant de Dieu. Or Dieu est trop grand et trop généreux pour infliger un châtiment à un être qui lui obéit. Ne voyez-vous pas qu'il dit : «Il a forcé le soleil et la lune à vous servir sans récompense en faisant leurs révo­lutions.» (Sourate Abraham إبراهيم  )  Ensuite `Abd-allah-ben Abbâs dit : Voulez-vous que je vous raconte ce que j'ai entendu dire au prophète, au sujet du soleil et de la lune? que je vous apprenne de quoi Dieu les a créés dans le principe, et ce qu'il en fera à la fin des temps? Ils répondirent : Oui, nous le voulons bien. `Abd-allah-ben-`Ahbâs dit alors : On demanda au pro­phète : Ô apôtre de Dieu, fais-nous connaître les qualités du soleil et de la lune, la manière dont ils décrivent leur révolu­tion, et ce qu'ils deviendront à la fin des temps. L'apôtre de Dieu, prenant la parole, dit : Lorsque Dieu créa toutes choses, il créa également le soleil et la lune, et ces deux astres avaient une lumière égale. Ce que Dieu voulait dans la prescience était que la lumière de la lune ne fût point obscurcie pendant qu'il créait ce monde entre l'orient et l'occident. La lune ne paraît si petite aux yeux des hommes qu'en raison de l'éloi­gnement et de la hauteur où elle se trouve. Dieu donna ordre ensuite à Gabriel de frotter de son aile la face de la lune, afin que son éclat disparût; et il ne resta pas de lumière en elle, comme il l'a dit : «Nous avons effacé le signe de la nuit.»    (Sourate le voyage nocturne الإسراء) Dieu a créé pour le soleil un char; il a donné à ce char trois cent soixante anses, et il lui a préposé trois cent soixante anges, afin que chacun d'eux fût attaché à une de ces anses et tirât le char. Ce que nous venons de dire du soleil s'applique également à la lune. Dieu a créé pour ces deux astres des orients et des occidents dans le sein de la terre, et il a créé de chaque côté, à l'orient et à l'occident, des fontaines qui sortent d'un endroit plein de vase noire. Cent quatre-vingts de ces fontaines sont à l'orient et cent quatre-vingts à l'occident. L'eau des fontaines et la vase noire bouillent comme une marmite qui est fortement en ébullition. Chaque jour le soleil se lève d'une fontaine nouvelle à l'orient. Il sort deux fois de la même fontaine dans l'espace d'une année. Chaque jour il passe à une autre fontaine, et quand il se couche, il fait la même chose à l'occident, jusqu'à ce qu'il ait parcouru toutes ces fontaines de l'orient et de l'occident. Il recommence deux fois chaque année, et, toutes les fois qu'il recommence, les jours sont plus courts et ensuite plus longs. A ses premiers levers et couchers, le jour est plus long pendant l'été; à ses Seconds levers et couchers, le jour est plus court pendant l'hiver. C'est à cela que fait allusion ce verset : «Il est le Seigneur des orients et le Seigneur des occidents.»  (Sourate Le Tout miséricorde الرحمن) Toutes ces choses sont exposées dans un passage du Coran où il est dit : «Il est le Seigneur de l'orient et de l'occident.» (Sourate les poètes  الشعراء) Dieu a ainsi fait mention de toutes ces fontaines. Dieu a créé au-dessous des cieux une mer semblable à un cheveu et fixée en l'air. Par l'ordre de Dieu, il ne tombe jamais une seule goutte de l'eau de cette mer sur la terre. Toutes les mers sont fixées à leur places, et celle-ci est comme une flèche qui part de l'arc avec effort. On dirait d'une corde tendue entre l'orient et l'occident. Plusieurs personnes nomment cette mer le chemin des porteurs de paille ; mais on ne porte point de paille dans ce lieu-là. Or sache que le soleil, la lune et ces cinq étoiles auxquelles on a donné le nom de planètes, marchent et nagent au milieu de l'eau. Dieu a dit : «Le soleil court vers son lieu de repos; telle est la disposition de celui qui est puissant et qui sait. Nous avons établi des stations pour la lune, jusqu'à ce qu'elle devienne semblable à une vieille branche de palmier. Il n'est point convenable que le soleil atteigne la lune dans son cours, et la nuit ne devance pas le jour. Chacun de ces astres se meut dans son orbite.»  (Sourate yasin يس ) Or sache que la révolution de la sphère céleste vient du char qui est au milieu de cette mer. Si le soleil ne passait pas au milieu de la mer et s'il en sortait, il ne passerait Sourate aucune chose et Sourate aucune créature de celles qui paissent, qui rampent, qui volent ou qui  marchent, Sourate aucun arbre, Sourate aucune pierre, et autres choses semblables qui sont dans ce monde, sans les brûler toutes. Si les hommes de la terre voyaient réellement le soleil et la lune hors de cette mer, tous deviendraient infidèles à Dieu à cause de la beauté de ces astres. Dieu les ayant créés beaux, il était à craindre que les hommes n'adorassent ces actes au préjudice de Dieu, excepté ceux que le Seigneur, dont la gloire est infinie, prendrait sous sa garde. Le prince des Croyants,' Alî, fils d" Abou-Tâleb, dit ensuite : Ô apôtre de Dieu, quelles sont les étoiles au sujet desquelles Dieu a dit : «Je ne jure pas par les planètes?» (Sourate Le Reploiementالتكوير) Le prophète répondit : Ô `Alî, ce sont cinq étoiles qui marchent comme le soleil et la lune; on les nommes pla­nètes. Ce sont : Saturne, Jupiter, Mars, Mercure et Vénus. Elles marchent dans ce ciel que nous voyons; chacune d'elles a un char semblable au char du soleil dont nous avons pré­cédemment donné la description. Les autres étoiles sont suspendues comme des lampes. Elles tremblent toutes pour elles-mêmes, par la crainte de Dieu, et par la terreur du jour du jugement. Comme l'a dit Dieu : « Au jour où aura lieu le jugement, les pécheurs jureront qu'ils n'ont demeuré qu'une heure dans leurs tombeaux. C'est ainsi qu'ils mentaient pendant leur vie.» (Sourate les byzantins الروم) Il a dit également : « Par le toit élevé, par la mer gonflée, certes le châtiment de ton Seigneur arrivera un jour où le ciel sera agité de côté et d'autre, et où les montagnes marcheront.» (Sourate le mont الطور) Or chaque jour les anges conduisent le soleil, la lune et les cinq planètes à l'une de ces fontaines; ils traînent le char à travers la mer. Lorsque Dieu veut faire voir à ses serviteurs un signe ou un miracle, il donne l'ordre à .un de ces astres  de s'enfoncer un peu du milieu de son char au milieu de la mer, et de sortir du char. S'il arrivait que le soleil sortît entièrement de son char, le monde serait tout à coup dans les ténèbres, et cela ferait une éclipse totale de soleil. Sache que cette obscurité que tu vois Sourate la face du soleil vient de l'eau de cette mer. Il y a au milieu de l'orient et de l'occident deux villes; on les nomme Djâboulqâ et Djâboulsâ. Au-delà de ces villes, il y a trois peuples; le nom du premier est Mensik, celui du second Tâqîl, et celui du troisième Thâres. Après eux viennent Gog et Magog. Notre prophète a dit : Dans la nuit du mi'radj, Gog et Magog ne me répondirent pas, ils ne devinrent pas Musulmans, et ne crurent point en moi, ils iront en enfer. Les habitants de Djâboulqâ et de Djâboulsâ donnèrent une réponse favorable; ils crurent au prophète et devinrent Musulmans. Les trois autres peuples ne crurent pas, ne devin­rent pas Musulmans et furent infidèles. Le lieu de repos du soleil est sous le trône de Dieu. Le soleil y est en adoration avec les chérubins. Lorsqu'il se couche dans une des fontaines dont nous avons parlé, les anges le tirent vers le ciel jusqu'au septième ciel et le tiennent sous le trône de Dieu, afin qu'il soit en adoration, comme nous l'avons déjà dit plus haut. On lit dans le Coran : «Le soleil court vers son lieu de repos : telle est la disposition de celui qui est puissant et qui sait.» (Sourate yasin يس ) Dieu a créé du côté de l'orient et sous le septième ciel un voile de ténèbres, et il a préposé à ces ténèbres un ange pour chaque nuit jusqu'à l'époque où elles seront épuisées. Lorsque le soleil est sur le point de se coucher, l'ange qui est de garde enfonce la main et prend une poignée de ces ténèbres. Il ouvre la main, se tourne vers l'occident, et fait passer une partie de ces ténèbres par les interstices de ses doigts, afin qu'elles se dispersent dans le monde. Ensuite, lorsque le crépuscule est descendu, l'ange ouvre la main pour que toutes les ténèbres en sortent. Ensuite il étend son aile; or ses ailes s'étendent du ciel à la terre, et il chasse les ténèbres jusqu'à l'occident; lorsqu'il est arrivé à l'occident, le point du jour reparaît. L'ange étend son aile, prend les ténèbres au milieu de son aile, les passe ensuite dans sa main et les place à l'occi­dent, au-dessous de la septième mer. C'est du lieu dont nous avons parlé que viennent les ténèbres de la nuit. Lorsque le voile de ténèbres qui est à l'orient sera à l'occident, on sonnera de la trompette, et le jour du jugement paraîtra. Le soleil est toute la nuit en adoration sous le trône de Dieu, et, au point du jour, Dieu lui commande de recommencer sa révolution et de se lever du côté de l'orient; et cela sera ainsi jusqu'au temps où Dieu fermera la porte du repentir pour ses serviteurs, où il n'acceptera plus le repentir de personne, où les mauvaisses actions seront mises en évidence, et où les bonnes paraîtront. Or, une nuit où le soleil sera sous le trône de Dieu, on le retiendra, et, bien qu'il demande la permission de recommencer sa révolution, il ne l'obtiendra pas; il en est de même de la lune. Le monde demeurera ensuite trois jours dans les ténèbres, et personne ne connaîtra la longueur de cette nuit, excepté les adorateurs et les serviteurs de Dieu et les gens pieux qui prient pendant la nuit, disent le chapelet, louent Dieu et font d'autres choses semblables qui tiennent au service et au culte de Dieu. Lorsque trois jours complets se seront écoulés, Dieu dira au soleil et à la lune : Allez et levez-vous à l'occident. Ces deux astres auront perdu leur lumière et leur éclat, ils pleureront, et leurs pleurs seront accompagnés de gémissements, de telle sorte que toutes les créatures du ciel et de la terre les entendront pleurer. Ensuite ces deux astres se lèveront à l'occident, privés de lumière; ils s'avanceront jusqu'au milieu du ciel et retourne­ront ensuite sur leurs pas et se coucheront. La porte du repentir aura été fermée alors.`Alî, fils d'Abou-Tâleb, dit : Qu'est-ce que la porte du repentir, ô apôtre de Dieu? Le prophète répondit : Dieu a créé pour le repentir une porte avec deux battants de perles et de rubis. Le chemin qui conduit à cette porte serait de quarante ans pour un cheval qui irait très-vite et que le cavalier pousserait le plus possible. Cette porte aura toujours été ouverte, et quiconque se repentira, son repentir entrera par cette porte, comme il est dit dans le Coran : « Est-ce qu'ils attendent que les anges viennent vers eux, etc.? » (Sourate l'abeille  النحل) `Abd-allah-ben-`Abbâs dit : O apôtre de Dieu, que deviendra ce monde après ce que tu viens de dire? Que devien­dront le soleil et la lune? Le prophète répondit : Après ces choses, on rendra au soleil et à la lune leur lumière, afin qu'ils brillent de nouveau, et toutes les créatures vivront jusqu'au jour du jugement, comme il est dit dans le Coran :«Ils n'attendent qu'un bruit qui les fera mourir pendant qu'ils disputent entre eux.» (Sourate yasin يس) Et dans un autre passage : «Certes, il les atteindra tout à coup, sans qu'ils s'y attendent.» (Sourate l'araignéeالعنكبوت ) Et encore : «Elle ne viendra que subitement, etc.»  (Sourate les poètes الشعراء  ) Ce temps sera tel, que, si deux personnes causent ensemble, tout à coup l'une  tombera de ce côté-ci, l'autre de ce côté-là, et toutes deux mouront. Il arrivera aussi qu'une mère donnera à téter à son enfant, la mère tombera d'un côté, l'enfant de l'autre, et ils mouront. Les arbres donneront des fruits. Le soleil et la lune se lèveront et se coucheront. Enfin il arrivera qu'il ne restera sur la terre aucune créature, ni quadrupèdes, ni bipèdes, ni bêtes fauves, ni oiseaux dans l'air, ni autres. Il ne restera en vie que Gabriel, Michel, Isrâfîl et l'ange de la mort. Ensuite Dieu ordonnera à Gabriel et lui dira : «DescenDh sur la terre et remarque ce que tu y verras.» Gabriel descen­dra, et trouvera le monde florissant, à sa même place et en bon état; mais il n'y verra aucune créature, ni de celles qui volent, ni de celles qui paissent, ni des reptiles, ni autres. Il y trouvera des fruits et toutes les choses que l'on peut désirer, répandus et amoncelés sur la terre en si grande quantité, qu'il est impossible d'en faire la description. Dieu dira à Gabriel : « Qu'est-ce que tu as vu? » Gabriel répondra : Ô Seigneur, tu es plus savant que moi, et tu sais ce que j'ai vu. Dieu dira : «Certes, c'est nous qui hériterons de la terre et de ce qui est sur elle; quant à eux, ils reviendront à nous.  (Sourate Marie مريم) N'ai-je pas dit que j'ai créé tout l'univers et que l'héritage des créatures me resterait?» Ensuite Dieu fera mourir Gabriel, Mickaël, Isrâfîl, l'ange de la mort et Eblîs, et aucune créature ne restera vivante, à l'exception du Dieu très-haut dont la gloire est infinie, qui est vivant et qui ne mourra jamais. Il dira alors : A qui appartient l'empire aujourd'hui? Au Dieu unique et fort.» (Sourate l'indulgent غافر.) Ce monde restera ainsi pendant quarante ans; ensuite le Seigneur rappellera Isrâfîl à la vie et lui ordonnera de sonner de la trompette; tous les hommes ressusciteront alors et se réuniront au lieu du jugement. Dieu ordonnera que l'on amène le soleil et la lune, devenus noirs par la crainte de Dieu et par la frayeur du jour du jugement. Arrivés en face du trône de Dieu, ils adoreront Dieu et ils diront : Ô Seigneur, tu connais notre obéissance, souviens-toi de nous à cause de la manière dont nous avons fait notre révolution pendant le temps du monde. Ne nous punis  pas à cause du péché et du culte des infidèles; tu sais que, si les créatures de Dieu ont commis le mal à cause de notre éclat, nous n'avons point partagé leur crime. Dieu dira : «Cela est ainsi; vous dites la vérité. Je vous remettrai dans l'état où vous étiez; je vous ai créés de la lumière de mon trône, et vous y retournerez.» Ces deux astres retourneront ensuite à la lumière du trône de Dieu, comme il est dit dans le Coran : «Certes, Dieu est celui qui crée et qui ressuscite.» (Sourate les byzantins الروم ) `Icrima ajoute : Lorsque `Abd-allah-ben-`Abbâs eut achevé ces paroles, j'allai avec cet homme vers Ka`ab al-Akhbâr; Ka`ab se leva, alla vers `Abd-allah-ben-`Abbâs, et lui dit: Je connais la tradition que vous avez rapportée, et les choses sont telles que vous les avez dites; pour moi, je les avais arrangées d'après mes propres idées, et je m'en suis repenti devant Dieu. Cette tradition n'est point d" Abd-allah-ben-'Abbâs.

 

On revient à la question

du jour du jugement

 

Les Juifs demandèrent à Mohammed : Quant aura lieu le jour du jugement? Dieu lui envoya ce verset : «Ils te ques­tionneront su sujet de l'heure du jugement, etc.» (sourate Tirer النازعات) Voici le sens de ce verset ! Ils te questionneront au sujet du jour du jugement; réponDh-leur : Ceci n'est connu que de Dieu seul. Lorsque le temps fixé pour cette époque arrivera, il ne se sera écoulé, selon eux, que quelques matinées ou quelques soirées. Le Coran dit encore : «Certes, la science de l'heure appartient à Dieu, etc. (Sourate loqmane لقمان ) Voici le sens de ce verset : Il y a cinq choses qu'aucune créature ne sait et dont personne n'a la connaissance. Dieu est plus savant et plus instruit que les hommes. La première chose, qu'aucune créature ne sait, est si l'enfant qui est dans le sein de sa mère est mâle ou femelle, et comment il est. La seconde est de savoir quand il pleuvra. La troisième, de connaître ce qui arrivera demain. La qua­trième, personne ne sait dans quel lieu il mourra. La cinquième est la connaissance du jour du jugement. Et voilà tout. Lorsqu'on adressa des questions au prophète, il  répondit toujours quelques mots sur chaque chose, et il fit connaître les signes et les caractères de ces mêmes choses. Les créatures du monde savent par lui combien de temps doit s'écouler jusqu'au jour du jugement. Il ne leur reste là-dessus que ce qu'a dit le prophète. Lorsqu'on l'interrogea au sujet du jour du jugement, il sépara deux doigts et dit : Il ne reste pas plus entre vous et le jour du jugement qu'entre ces deux doigts; et il montra l'index et le doigt du milieu. Voici une autre histoire que l'on tient du prophète : Un jour, Gabriel vint devant moi. Je vis entre ses mains un miroir éclatant, et je vis au milieu de ce miroir un point. Je dis à Gabriel : Ô mon frère et mon ami! qu'est-ce que ce miroir? Il me répondit : C'est le jour du vendredi, Je lui dis : Qu'est-ce que ce point? Il me répondit : C'est le jour du juge-ment. Je lui dis : Le jour du jugement sera donc un vendredi? Il me répondit : Oui. Et lorsque le vendredi arrivait, le pro­phète espérait que le jour du jugement aurait lieu. Un Arabe du désert vint trouver le prophète et lui dit : Je vis en songe la nuit dernière un grand parterre, et au milieu de ce parterre était une chaire; cette chaire avait sept marches et pas davantage, et je te vis, toi qui es prophète, sur la dernière de ces marches. Le prophète répondit : Le parterre que tu as vu est ce monde qui aura sept mille ans d'existence; et, si tu m'as vu sur la dernière marche, c'est que je suis venu dans le dernier millénaire de ces sept mille ans, et c'est un signe que le jour du jugement n'est pas loin. Les Juifs dirent : Nous avons vu dans le Pentateuque les mêmes choses que tu viens de dire.

 

Réponse à la question relative
à la montagne de Qâf

 

Le prophèter dit : Dieu a créé la montagne de Qâf tout autour de la terre. On la nomme le pieu de la terre, comme il est dit dans le Coran : «Les montagnes sont des pieux.» (Sourate l'annonce النباء) Ce monde est au milieu de la montagne de Qâf, et il y est comme le doigt est au milieu de l'anneau. Cette montagne est couleur d'émeraude et bleue. Aucun homme ne peut y arriver, parce qu'il faudrait pour cela passer quatre mois dans les ténèbres. Il n'y a dans cette montagne ni soleil, ni lune, ni étoiles, et elle est tellement bleue, que la couleur azurée que tu vois au ciel vient de l'éclat de la mon­tagne de Qâf qui se réfléchit sur le ciel, et il paraît de cette couleur. Si cela n'était pas ainsi, le ciel ne serait pas bleu. Toutes les montagnes que tu vois dans le monde tiennent à lamontagne du Qâf. Sache que, si la montagne de Qâf n'existait point, toute la terre tremblerait sans cesse, et les créatures ne pourraient point vivre sur elle.

 

Réponse à la question relative à
Djâboulqâ et à Djâboulsâ

 

Voici ce que le prophète répondit au sujet de Djâboulqâ et de Djâboulsâ : Ce sont deux villes, l'une à l'orient et l'autre à l'occident; on nomme Djâboulqâ celle qui est à l'orient, et Djâboulsâ celle qui est à l'occident. Ces villes sont d'émeraude, et toutes les deux tiennent à la montagne de Qâf; elles ont chacune douze mille parasanges de long sur douze mille para­sanges de large. Le prince des Croyants, `Alî, fils d'Abou-Tâleb, se trouvait en présence du prophète avec les Juifs qui étaient venus de Khaïbar, de Fadak, et ceux des Beni-Qoraïdha qui étaient venus avec Abou-Djehel et Walîd-ben-Moghaïra, pour voir si ce que le prophète dirait serait d'accord ou non avec le Pentateuque et les traditions. `Ali dit : Ô apôtre de Dieu, ces villes sont-elles dans le monde que nous habitons? Le prophète répondit : Ces deux villes sont situées dans les ténèbres et contiguës à la montagne de Qâf. 'Ali demanda: Combien y a-t-il d'habitants en ce lieu-là? Le prophète dit chacune de ces villes a mille forteresses, et dans chacune de ces forteresses il y a une garnison de mille hommes qui y montent la garde chaque nuit. Le tour de l'homme qui a une fois monté la garde ne revient plus que l'année suivante. 'Ali demanda : Pourquoi  faut-il qu'une si grande quantité de monde soit de garde en ce lieu-là? Le prophète répondit C'est parce qu'il y a de ces côtés-là une grande quantité de gens qui appartiennent à ces peuples que l'on nomme Thâris et Tâqîl; ils sont ennemis de Djâboulqâ et de Djâboulsâ. Ils sont incessamment, nuit et jour, en guerre avec ces deux villes et combattent contre elles; c'est à cause de ces peuples que l'on a ces gardes et ces sentinelles. 'Ali, fils d'Abou-Tâleb, demanda : Les habitants de Djâ­boulqâ et de Djâboulsâ font-ils partie des enfants d'Adam? Le prophète répondit : Ils ne connaissent pas même Adam. `Alî demanda : Le diable a-t-il pénétré chez eux? Mohammed répondit : Ils ne le connaissent pas non plus. `Alî demanda Le soleil et la lune brillent-ils sur eux? Le prophète répondit Ils ne savent même pas que Dieu a créé le soleil et la lune. `Ali demanda : Comment donc voient-ils clair? Mohammed répondit : La lumière leur vient de la montagne de Qâf, et leurs murailles, leurs pierres et leur poussière sont toutes comme une lumière qui brille. `Alî demanda : Ô apôtre de Dieu, que mangent-ils? Mohammed répondit : Des herbes qui poussent de la terre. `Alî demanda : De quoi se vêtent-ils? Le prophète répondit : Ils n'ont pas besoin de se couvrir le corps de vêtements. `Alî reprit : Ce sont donc des anges? Mohammed répondit : Non, mais leur obéissance à Dieu est semblable à celle des anges. `Alî demanda : Ont-ils des enfants? Le prophète répondit : Ils ne désirent point d'en avoir, parce qu'ils sont tous mâles et qu'ils n'ont point de femelles. `Alî demanda : Sont-ils du nombre des élus ou de celui des réprou­vés? Le prophète répondit : Ils sont du nombre des élus, parce qu'ils suivent la religion et la loi, et qu'ils professent l'isla­misme. Dans la nuit du mi'râdj, lorsque Gabriel m'eut porté au ciel, il me mena ensuite vers ces peuples. Je leur offris l'islamisme : ils crurent en moi et en Dieu; j'établis sur eux un calife de leur propre nation et je leur enseignai l'islamisme. Gabriel me conduisit ensuite vers Thâris et Tâqîl, et vers Gog et Magog; ils furent infidèles et n'acceptèrent pas l'islamisme. Ensuite 'Ali demanda : O apôtre de Dieu, quelqu'un d'entre les hommes peut-il arriver à ce lieu-là? Le prophète répondit Aucun des hommes n'a la force d'aller vers ces peuples, parce qu'il faudrait marcher quatre mois dans les ténèbres. Cepen­dant, au temps du prophète Houd, trois hommes d'entre les `Adites fuirent leur peuple, se firent musulmans, crurent au prophète Houd, et arrivèrent à ces villes. Quelques personnes prétendent que Djâboulqâ et Djâboulsâ sont en deçà du lieu où se couche le soleil. On dit aussi que, si ce n'était le bruit et le tumulte de ces deux villes, les habi­tants de la terre entendraient le lever et le coucher du soleil mais cela n'est point vrai; et, si cela était, on aurait dans ce monde plus de renseignements sur ces deux villes qu'on n'en a effectivement, et quelques personnes les auraient visitées. On les connaîtrait comme Gog et Magog et la muraille de Dhoul'-Qarnaïn, qui a été vue par plusieurs personnes. On dit aussi que Dhou'l-Qarnaïn resta deux mois dans les ténèbres, en voulant aller à ces deux villes; il n'y arriva pas, parce qu'il lui aurait fallu marcher deux autres mois dans les ténèbres pour y arriver, et cela est une histoire merveilleuse. Lorsque les Juifs de Médine entendirent ces histoires, ils dirent : Nous avons trouvé la même chose dans le Pentateuque. Ces trois hommes qui fuirent le peuple d"Ad, arrivèrent à Djâboulqâ et à Djâboulsâ, et ils y demeurèrent. Tourmentés par le peuple de Fîd, ils voulurent s'enfuir; mais ils ne le purent pas, car ce peuple avait plus de force qu'eux.

 

Réponse à la question relative à Gog
et à Magog doués d'oreilles

 

Le peuple de Gog et Magog [descend de] deux frères dont l'un s'appelait Gog et l'autre Magog. Ils sont du nombre des enfants d'Adam. Leur taille est extrêmement petite, et chacun d'eux a deux oreilles semblables à des oreilles d'éléphant. Ils sont un peuple nombreux, et ils ravagèrent le monde. Ils habitent à l'orient, à l'endroit où le soleil se lève. Or il y a une montagne extrêment élevée qui nous sépare d'eux. Ils venaient de l'autre côté de cette montagne vers ce côté-ci, pour exercer leurs ravages. Ces peuples ne pourraient pas avancer davantage vers l'orient. Pour entrer dans le pays que nous habitons, ils passaient par un seul chemin, et ils ne pouvaient pas venir par un autre endroit. Ils détruisaient tout ce qu'ils trouvaient sur la terre, les plantes, l'eau, les arbres et autres choses semblables, et mangeaient tout ; et s'ils avaient remporté la victoire sur nous, ils nous auraient tués tous et nous auraient mangés. Ces peuples ont un grand nombre de villes et d'habitations vers l'endroit où le soleil se lève. Lorsque le soleil se lève, ils descendent tous sous terre. Lorsque les hommes qui habitaient les pays auprès de Gog et de Magog entendirent parler de Dhou'l-Qarnaïn qui parcou­rait le monde, ils se réunirent en troupe et allèrent auprès de lui. Ils lui demandèrent du secours et lui dirent : Nous te payerons un tribut; prends sur toi cette entreprise, et fais une muraille entre nous et Gog et Magog, afin que ces peuples ne puissent plus nous vaincre. Dhou'l-Qarnaïn alla sur les lieux et examina les choses. Il demanda ensuite aux habitants de ces contrées du fer et de l'airain fondu, et il éleva une muraille extrêmement forte, afin que ces peuples fussent délivrés de Gog et de Magog. L'histoire de Gog et de Magog est longue, avec les versets du Coran, et elle sera rapportée en entier dans cet ouvrage, en son lieu.

 

Réponse relative à l'histoire des
gens de la caverne

 

L'aventure des gens de la caverne eut lieu du temps d'un roi que l'on nommait Decianus (Dèce), et dans une ville que l'on nommait Éphèse. Cet événement se passa avant Jésus, fils de Marie. Tous les habitants d'Éphèse étaient infidèles; ensuite sept d'entre les favoris du roi Dèce devinrent croyants en secret. Ils s'enfuirent et se retirèrent dans une caverne. Dieu ferma cette caverne, et ils y restèrent morts pendant trois cents et quelques années. Dieu les rendit ensuite à la vie. Ce fut sous le règne du roi Dèce qu'ils étaient entrés dans cette caverne, et ils ressuscitèrent du temps de Jésus, fils de Marie. Ils suivirent la religion de Jésus. Cette histoire est longue; elle se trouve dans le chapitre du Coran qui porte le nom de Chapitre de la caverne. Il y est également question de Dhou'l-Qarnaïn dans ce verset : «Ils dirent : ÔDhou'l-Qarnaïn, Gog et Magog exercent leurs ravages sur la terre : veux-tu que nous te payions un tribut à condition que tu élèveras une muraille entre eux et nous?» (Sourate la caverne الكهف ) Cette histoire a été racontée en son lieu et place; elle forme encore dans cet ouvrage une histoire séparée que l'on trouvera également à sa place.

 

Réponse à la question relative
aux gens de la fosse

 

Ces gens de la fosse étaient les habitants de Nadjerân. Or Nadjerân était une ville dont les habitants avaient cru à Moïse. Il y avait dans cette contrée un roi nommé Yousouf, et sur-nommé Dhou-nowâs. C'était un géant qui avait de nombreux sujets. Or Jésus, fils de Marie, était venu au monde, et Dieu l'avait enlevé au ciel. Quelques-uns des apôtres qui avaient été avec Jésus arrivèrent à cette ville de Nadjerân, mani­festèrent la religion de Jésus, et dirent aux habitants : La religion de Moïse a été abrogée; un autre prophète est venu : son nom est Jésus; maintenant il vous faire croire à Jésus, et abandonner la religion et la loi de Moïse : et ils leur firent connaître les œuvres merveilleuses de Jésus. Ces habitants de Nadjerân devinrent croyants et adoptèrent la religion de Jésus. Deux ou trois des courtisans intimes de Dhou-nowâs se trouvaient à Nadjerân. Les habitants de cette ville les prirent et leur dirent : Entrez dans notre religion, ou bien nous vous tuerons. Les courtisans ne le voulurent point, et les habitants de Nadjerân les tuèrent. Cette nouvelle parvint au roi; il se mit en marche avec cinquante mille hommes, et arriva à Nadjerân. On creusa des fossés autour de cette ville, et on y jeta du feu. Le roi prit ensuite les habitants de Nadjerân, les amena sur le bord de ces fossés, et dit : Abandonnez la reli­gion de Jésus, ou nous vous jetterons dans le feu, comme il est dit dans le Coran : «Les gens de la fosse, du feu doué de matière ignée, ont été tués.» (Sourate.les chateaux البروج) Cette histoire est longue; elle sera également rapportée dans cet ouvrage.

 

Réponse relative à l'histoire
des prophètes

 

Quant à cette question : «Combien Dieu a-t-il eu de pro­phètes sur la terre? combien d'entre eux ont eu le caractère d'apôtre? par les prières de combien de prophètes des morts ont-ils été rappelés à la vie, et quelles furent les personnes qui ressuscitèrent de la sorte?» le prophète répondit : Dieu a eu cent vingt-quatre mille prophètes, et trois cent treize d'entre eux ont été apôtres, ont vu Gabriel, et ont reçu de lui les révélations de Dieu. Le premier de ces apôtres a été Adam, et le dernier, Mohammed. Parmi ces prophètes, il y en eut quatre qui s'exprimèrent en langue syriaque : Adam, Seth, fils d'Adam; Noé, et Idrîs. Il y eut quatre prophètes d'entre les Arabes, qui s'exprimèrent en arabe; ce furent Houd, Çâlih, Scho'aïb et Mohammed. Quant à ceux par les prières desquels des morts revinrent à la vie, l'un d'eux fut Moïse, et le premier mort qu'il rappela à la vie fut cet homme que l'on trouva mort au milieu des


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